Vendredi 27/09/2024
Pour rester dans cette fin des années 1970, autour de mes dix ans où tant de choses se fixent, la petite pluie de ce matin me rappelle paradoxalement, par contraste, ce séjour ensoleillé que nous fîmes dans les Landes, à Mimizan,. Il y avait le camping au milieu des pins, endroit exotique s’il en est où l’on se sent Robinson sans connaître l’œuvre, où l’espace et le grand air donnent un goût de liberté et d’aventure aux moindres actions quotidiennes. Double ration de plaisir : nous avions fêté l’anniversaire d’un de mes frères sous la tente, et cela apportait une touche joyeuse, magique au tableau. L’odeur de la sève des pins reste vivace encore aujourd’hui, comme celle du sable chaud mêlé d’aiguilles qui tapissait le camping. Et ce sable chaud, à quel point nous le sentions en gravissant la dune du Pilat, parcelle du Grand Erg Oriental posée au bord de l’océan, mirador incomparable sur l’infini bleu d’un côté et vert de l’autre ! L’ascension était une épreuve en même temps qu’un jeu, et nous gambadions tous autour de ces « marches » de rondins, mal fixées, de ces ornières sableuses creusées par le flux des touristes.
Lundi 30/09/2024
Nous habitions, entre 1976 et 1979, une maison blottie au fond d’un vallon, mais dominant Dieulefit, sur un terrain qui tenait plus de l’île mystérieuse que de la parcelle boisée du cadastre. Il y avait un frais petit ruisseau habité par des têtards et des salamandres enflammées, des lapins venaient y boire, et probablement d’autres animaux que nous ne voyions jamais. Il y avait une grotte sablonneuse, précédée de noisetiers et contenant, dans la glaise humide de ses tréfonds, de curieuses céramiques modernes, plus ou moins enterrées. Plus haut, c’était une forêt qui s’étendait jusques à des sommets qui nous semblaient inaccessibles. C’était une contrée inconnue et sauvage, notre territoire des Barbares, notre forêt des Ardennes. Ici et là, à quelques centaines de mètres, s’élevaient les maisons voisines, dont nous connaissions plus ou moins intimement les occupants. Mais, même s’ils étaient familiers, notre grand jeu était de les « espionner », cachés dans des touffes d’herbes, des buissons, munis de jumelles et de victuailles pour « tenir le coup ». Ce grand jeu avait donné naissance à un « clan » entre frères, les CTDE, qui s’activait pour dénicher le fait incongru, l’événement rare, en vain… Mais tout l’intérêt était dans l’attente.
Mardi 01/10/2024
Le souvenir de l’évocation du sable chaud, il y a quelques jours, me ramène une fois de plus dans les années 1970. Nous allions passer nos vacances en Espagne, à Laredo, dans des studios achetés par mon grand-père. Les immeubles du quartier étaient occupés par une grosse majorité de Français. Nous avions l’impression d’être en Espagne sans y être totalement, une sorte de marche de l’Empire, à quelques centaines de mètres du port de pêche actif de la ville, où nous allions parfois humer les effluves marines sous les halles du havre séculaire. Mais les sensations qui me restent ne se limitent pas à ces excursions. Il faisait souvent chaud en été, et nous n’avions qu’à traverser une route pour rejoindre la longue plage sable clair qui tapissait l’immense baie. Le béton des allées entre les immeubles était brûlant, tout comme celui des trottoirs qui menaient aux accès à la mer… et puis c’était l’explosion des odeurs de tamaris, chaudes, lourdes, puissantes, parfaitement accordées à la fournaise estivale, indéfectiblement liées à cette brûlure sous la plante des pieds lorsqu’on marchait sur le trottoir ou dans le sable incandescent des abords de la plage.
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