Mardi 26/11/2024
Pour accéder au quai, aujourd’hui, il fallait prendre l’ascenseur, comme souvent. En entrant, j’ai senti l’habituelle odeur d’huile, de rouages, de métal, qu’on hume toujours dans ce genre de lieu. Et aussitôt ce sont plusieurs univers que j’ai senti remonter à la surface : en tout premier l’ascenseur tout neuf de l’immeuble où nous logions en Espagne pendant les vacances. C’était une odeur nouvelle pour moi, alors, et l’ascenseur était un jouet dans lequel nous jouions avec mes frères. Les montées et descentes habituelles ne nous suffisaient plus et nous nous amusions parfois à voyager jusqu’à ces terrae incognitae qu’étaient les étages au-dessus du nôtre. Une joie mêlée de crainte nous habitait, mais c’était surtout de la fierté que nous ressentions, fierté d’avoir ainsi bravé le danger (et l’interdit…). Mais cette odeur est aussi celle de la montagne, de l’attente à côté des perches du téléski, au milieu des ces effluves mécaniques grasses, de rouages huileux, avant de s’élancer vers l’air pur des cimes. Cet ersatz d’odeur industrielle qui pourrait paraître désagréable et repoussante, se révèle finalement source de réminiscences multiples, liées à des expériences diverses mais toujours joyeuses.
Mercredi 27/11/2024
Notre aînée est revenue hier de Paris. Et si la vie familiale sans elle est habituellement joyeuse, il y a comme un supplément d’âme à se retrouver tous les quatre. On dirait qu’il y a une épaisseur en plus, une dimension supplémentaire , une unité retrouvée. Il s’agit probablement d’une reproduction sociologique, mais il me semble que le noyau familial restreint est le lieu où chacun s’épanouit, même lorsqu’on se retrouve après un long temps de séparation. On ressent la plénitude du cercle, on retrouve les automatismes du groupe, on se laisse porter par ce fluide naturel qui circule en famille. L’histoire personnelle des parents doit y être pour beaucoup. En l’occurrence, chacun a grandi dans un cocon familial bien clos, après des drames qui ont resserré les liens. Notre vision commune de la famille a probablement pour résultat la constitution de ce réseau de connexions étroites et chaleureuses qui forme à présent ce nœud affectif bien serré que nous avons tant de plaisir à retrouver. Cela durera-t-il ? Sûrement, mais les destins de chacun(e) font naître d’autres liens, tout aussi étroits. Il en reste tout de même toujours quelque chose…
Jeudi 28/11/2024
Il y a des jours comme aujourd’hui où l’inspiration a plus de mal à venir. Cela a déjà été dit… Et le simple fait de le dire lance le bavardage, c’est assez paradoxal. « L’angoisse de la page blanche », si l’on peut s’exprimer ainsi en parlant des ces modestes lignes, ne m’a jamais atteint. On décide d’écrire quelque chose et cette décision peut valoir départ de réflexion, plus ou moins aisément, plus ou moins rapidement, mais c’est un lancement. Mais quel est l’intérêt de ces pages ? « Tout est dit... », il y a quelques jours je le rappelais, mais les circonstances sont toujours différentes, et rien n’a été dit comme je le dis présentement, c’est cette perpétuelle nouveauté qui fait l’intérêt de tout discours. Et puis ce que j’écris ici, et que j’ai peut-être besoin de sortir, sera toujours cela d’épargné à mon entourage qui n’a certainement pas envie de m’entendre pérorer à chaque instant. A notre époque bavarde, voire logorrhéique, où le discours est partout, fugace, futile, et finalement nulle part, il n’est certes pas incongru de s’épancher à son tour dans un langage un peu plus élaboré que celui de « la tribu », sans orgueil mal placé. Un discours inutile est un discours qui dit tout de même quelque chose, après tout.
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