Vendredi 11/10/2024
Je m’interroge sur les raisons qui me font tenir ces carnets, jour après jour, mais aussi qui me font écrire tout simplement, donc laisser une trace, quelque part. Il y a probablement, déjà, le fait qu’on ait une assez haute idée de soi-même, suffisamment haute pour penser qu’on pourra intéresser quelqu’un. Ainsi, il n’est pas étonnant que la France soit ainsi ce grand pays de la littérature, jalousé partout, mais encore admiré partout… une assez haute idée de soi-même. Mais il y a peut-être d’autres raisons, par exemple, et paradoxalement, une conscience aiguë de notre petitesse et de notre finitude qui nous animerait en prenant la plume.
Lundi 14/10/2024
Nuit un peu courte, et pour cause, nous sommes sortis hier soir : nous étions à Nîmes pour un concert du groupe Dionysos. Un nom de groupe assez extraordinaire : formé par des lycéens au début des années 1990, il est ainsi dénommé dès l’origine, en référence à l’ivresse et à l’enthousiasme, au sens étymologique du terme, qu’elle fait naître. Mais bien des années plus tard, le chanteur passe à deux doigts de la mort et ne ressuscite que grâce à une transfusion complète de sang. Ce « né deux fois » rejoint le dieu Dionysos dont le nom veut dire exactement cela. Mais revenons au concert, il est toujours étonnant de sentir toute l’intensité bienfaitrice de ces rassemblements de foule autour d’un artiste, d’un groupe, de la musique en général. Soudain, les barrières sociales tombent en une grande bacchanale, tout le monde est là pour une seule raison et cela suffit à réunir, voire à unir.
Mardi 15/10/2024
Curieuse impression ce matin… la brume stagne sur Avignon, autour des remparts, une brume pleine de gouttelettes impalpables.La lumière de mon vélo fait comme un rayon laser dans le demi-jour formé par la triste clarté des lampadaires et les toutes premières lueurs du jour, et c’est comme si je suivais ce faisceau sans trop savoir vers quel endroit. Peut-être est-ce là une jolie métaphore de la vie : au milieu de ce qui semble obscur et confus, suivre une petite lumière, un rayon de clarté qui, sans dissiper les ténèbres, aide à y progresser, jusqu’à la gare finale, l’arrêt définitif. Oui, l’image est frappante. Cette lumière s’entretient, se cultive, cette lumière est avant tout celle de l’esprit qui s’ouvre à la connaissance, qui reste en éveil, qui maintient les fenêtres grandes ouvertes. Et puis, comme par enchantement, comme un dévoilement qui ferait passer de l’ombre à la lumière, cet après-midi le soleil inonde la région de sa chaude clarté, et le monde devient évidence. Plus besoin de se laisser guider par le petit faisceau de notre lumière intérieure : l’harmonie est réalisée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire