Jeudi 20/03/2025
Toujours cette même interrogation : où vont aller ces lignes une fois terminée cette période d’expérience scripturale ? Dans le fond elles n’ont que peu d’intérêt : vouloir refonder la littérature et la philosophie en deux fois cinq minutes par jour serait des plus risibles. Mais alors, que faire de ces pages ? Les transmettre d’une façon ou d’une autre semble être leur destination naturelle. Mais comment ne pas imposer ce pensum, peut-être, à des gens ayant payé un livre ? Les diffuser sur les réseaux sociaux paraît plus logique, mais l’intérêt chez les lecteurs est difficile à évaluer. Elles seront diffusées au petit bonheur. C’est probablement le sort de tout écrit : rester dans les limbes d’une diffusion hypothétique, et puis de temps en temps émerger parce que la mode, l’actualité ou un intérêt soudain et inattendu le mettent en lumière.
Vendredi 21/03/2025
Quand donc ai-je pris le train pour la première fois ? Les crissements, grincements et heurts divers qui m’accompagnent au moment où j’écris sont probablement le nucléus ; dans ma mémoire, de ces premiers voyages en train. Cela devait se passer dans les années 1970, entre Montélimar et Marseille. Nous devions accompagner ma grand-mère jusque chez elle, dans cette appartement bourgeois de la place Castellane où nous allions de temps en temps. Ma grand-mère n’était pas commode, non pas qu’elle fût sévère ou autoritaire, mais elle était froide, guindée et acide comme ces bourgeois intellectuels ayant traversé le vingtième siècle, sûrs de leur supériorité intellectuelle (le plus souvent réelle), de leur supériorité sociale (bien écornée, voire illusoire) et morale (totalement supposée…). Elle s’exprimait le plus souvent par jugements à l’emporte-pièce, par saillies amères ou fiéleuses. Des décennies de frustrations en tous genres, accumulées, devaient bien sortir à un moment… Elle avait choisi le moment où ses petits-enfants auraient le plus apprécié une grand-mère attentionnée.
Lundi 24/03/2025
Tant de choses se bousculent dans mon esprit, ne cherchant qu’une occasion : que je m’en serve pour rédiger mes quelque lignes quotidiennes. Comment choisir, faire le tri ? Il m’est venu une idée : rédiger, pendant les deux fois cinq minutes de trajet, un petit texte de fiction, une mini nouvelle, mais sans y avoir réfléchi auparavant (en tout cas consciemment). Et le challenge ultime serait de le faire « à la manière de ». Pour cela il faudra démarrer dès le départ du train, et optimiser le temps. Ce n’est pas que ce genre d’exercice soit très créatif, mais c’est une excellente gymnastique pour l’esprit, c’est un entraînement redoutable que d’écrire vite les idées qui vous viennent, dans un cadre contraignant. Il est possible que dès demain, je m’essaie à l’exercice, en me forçant à ne rien planifier avant de prendre le stylo, à laisser vierge la page de mon imagination. Il y a une autre dimension jouissive à cette pratique, celle d’accoucher sans grossesse d’un univers qui se crée sous vos doigts au fur et à mesure de la course de la plume, l’impression de toute puissance du créateur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire