mercredi 23 avril 2025

Lundi 17/03/2025


Il est vertigineux de vouloir compter le nombre d’élèves que j’ai pu avoir devant moi, en classe, et surtout d’imaginer tous ces destins, toutes ces potentialités, actualisées ou non, et la trace de ce qu’on a pu leur apporter dans leur vie d’adultes. Mes premiers élèves vont avoir bientôt cinquante ans. Qui fait quoi, à présent ? Qui est encore en vie ? Qui a fondé une famille ? Certains ont probablement eu des enfants avant moi et sont peut-être grands-parents maintenant… Si je fais le compte, je dois en être à environ trois mille élèves côtoyés dans ma carrière. Je me souviens de certains, ici et là, même du début, mais pas de tous !… loin de là, et même en regardant mes anciennes listes d’élèves, je ne vois plus leurs visages, ils ont disparu dans les limbes du temps. Mais comme il est fascinant d’imaginer tous les possibles, toutes les destinées qui ont pu se croiser, s’ignorer, avec la petite graine que l’on a semée dans leur esprit à un moment, et qui a germé d’une manière ou d’une autre.




Mardi 18/03/2025


Il y a cinq ans, nous passions notre premier jour de confinement, réellement enfermés chez nous, à trois, notre grande fille étant en Norvège alors. Quelle chance ce fut ! Nous habitons une maison, avec un jardin, de quoi être isolés, ou vivre ensemble, de quoi être dehors à volonté ou abrités. Le printemps fut plutôt précoce et magnifique cette année-là, et le confinement fut une bénédiction pour l’âme et pour le corps. En dehors du travail à distance qui obligeait à une certaine régularité, les rythmes étaient libres, changeants. Quelques courses de temps en temps, mais rares, pour pouvoir tenir, et nous voilà sur notre île déserte, prêts à attendre la délivrance. Et quel plaisir de lire allongé sur la pelouse synthétique de la terrasse ! Quelle joie de faire un peu de sport au grand air, entre les chants d’oiseaux et le doux frou-frou des lauriers dans le vent tiède du printemps ! Il y a cinq ans nous avons vécu une parenthèse merveilleuse.





Mercredi 19/03/2025


Il y a quelques jours, venant de je ne sais où, m’est parvenue aux oreilles la chanson Les Ballons rouges de Serge Lama. Les quelques couplets entendus parlaient d’un enfant solitaire qui n’avait jamais connu le commerce de ses semblables, qui n’avait jamais partagé leurs jeux, leur vie. Et cela me replongea dans ma propre enfance, non pas qu’elle était identique, mais justement parce qu’elle m'apparaît à présent si merveilleuse, et je me dis que bien des enfants n’ont pas eu la chance que j’ai eue. Bien sûr, elle fut marquée par un drame indicible, la perte de mon père, et je ne peux souhaiter à personne de vivre une pareille expérience. Mais à côté de cela tout ce que la chanson énonce comme occasions manquées pour trouver le bonheur, je l’ai connu. Les amitiés indéfectibles qui vous faisaient raccompagner le copain, que vous veniez de raccompagner chez lui, après qu’il vous eut raccompagné d’abord chez vous ; les journées à se courir après entre frères ; les parties de billes entre un caniveau, un trottoir défoncé et une chaussée trouée ; le foot entre les voitures stationnées qui prenaient toutes les balles perdues ; les rires derrière un mur en se moquant de personnes âgées ; les baignades en bande dans le canal de Provence, baignades rigoureusement interdites, mais qui rassemblaient toute une génération dans la chaleur de l’été… Tout ceci et bien d’autres choses, je l’ai connu, il a fait le sel de mon enfance, il m’a apporté mes grandes joies, mes plaisirs, mes rires, mes angoisses aussi, mes larmes parfois, mais il m’a fait. Je n’ai jamais été l’enfant seul des Ballons rouges !

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