Mardi 25/03/2025
Tentons donc ce nouveau challenge d’écriture :
Le soleil se levait sur la steppe de ces confins du Xinjiang et sur les baraquements qui s’étendaient à perte de vue. Ahmet, comme tous les matins sans exception, ouvrait doucement les paupières au fur et à mesure que le jour gagnait en clarté. Comme à chaque réveil, il avait mal aux mains, au dos, il ressentait une fatigue immense et avait l’impression que ses épaules supportaient des siècles de labeur ininterrompu. Il se leva, seul, but une tasse d’eau sale et planta ses dents dans un quignon de pain dur. Il s’habilla sans hâte, mais sans perdre de temps, il ne devait pas avoir de retard. Quand il sortit dans la rue poussiéreuse, face à d’autres baraquements identiques au sien, qui lui-même ressemblait à ceux de derrière, eux aussi semblables à ceux de plus loin, il se retrouva face aux mêmes fantômes que lui, hagards dans le petit matin. Et en un seul mouvement, lent et mécanique, tous se dirigèrent vers l’usine dont les hauts toits commençaient à émerger du nuage jaunâtre qui servait de ciel. Sous le regard froid et scrutateur de gardiens muets, tous entrèrent dans l’usine pour ne plus en sortir qu’à la nuit tombée, hébétés de fatigue et de faim. Le pas était lent, las, traînant, comme leur existence. Ahmet s’engouffra dans son baraquement. Il avait eu huit ans la veille.
Ouf ! Tout juste fini en arrivant à la gare.
Mercredi 26/03/2025
Le monde retombe dans un de ces gouffres insondables de la bêtise humaine, dont on a peine à chercher les causes profondes. Après avoir assis une paix de quatre-vingts ans sur l’énorme majorité du territoire européen, s’appuyant sur la certitude que le bonheur individuel passerait inévitablement par cette pacification, que diraient les sages dirigeants de naguère s’ils voyaient le triste spectacle qu’offre aujourd’hui notre continent et le théâtre des relations internationales ? La cupidité, l’envie, la mesquinerie, la soif de profit, semblent passer sans aucune retenue au-dessus de toute considération morale et humaniste. La bêtise triomphe chez les politiques comme dans les masses abruties de fausses informations et d’élucubrations informatiques en tout genre, de fake news et de distorsions de la réalité. Les vieilles recettes de la propagande d’état (photos truquées, matraquage ou saturation d’informations tronquées, détournements de vérité…) sont réutilisées à l’échelle universelle, et le pire est… que ça marche. Chacun est prêt à croire n’importe quoi, chacun est prêt à cautionner n’importe quel abus de pouvoir, de violence. C’est la défaite de l’intelligence sous le flot de l’information manipulée, et nous replongeons joyeusement dans le gouffre, sans sourciller.
Jeudi 27/03/2025
Les beaux jours s’installent, les passages au centre-ville s’allongent, le temps de faire quelques courses ou de prendre un café au Grand Café Barretta, comme hier après-midi. Peut-être l’ai-je déjà écrit, mais fréquenter ces lieux chargés d’histoire m’apporte beaucoup, me remplit d’aise. Il y a certes un snobisme évident à aller là où il a toujours été de bon ton de s’asseoir, dans un lieu qui a vu passer tant de gens marquant l’histoire culturelle des hommes, mais c’est réellement plus profond que cela. Non seulement, en allant dans ces bars, ces restaurants, qui ont reçu les grandes figures du passé j’ai l’impression de pénétrer dans un lieu plus grand que le modeste commerce qu’il représente, mais j’ai surtout la sensation d’ouvrir la caverne d’Ali Baba emplie de trésors d’idées, d’inspirations, d’échanges, de toute une vie de l’esprit immémoriale. C’est comme un souffle qui me pousse, m’envahit. Dans ces lieux, le Barretta d’Avignon, le Florian, le café de Flore, et tant d’autres encore où nous allons pendant nos voyages, il me semble que des fantômes familiers et inspirants me portent, gonflent mon esprit et le fertilisent.
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