lundi 7 avril 2025

 



Mercredi 04/12/2024


La nuit est à présent le décor de mes allers matinaux et de mes retours vespéraux. Sentiment étrange de se mouvoir dans univers confortable, presque ouaté, dont les contours sont les bâtiments éclairés ou le dôme étoilé. Parfois on se sent bien, dans la nuit, surtout dans univers urbain, clos, borné, dans lequel on glisse entre les murs et les passants, dans cette obscure clarté des villes.




Vendredi 06/12/2024


Journée chargée que celle d’hier, entre manifestations, annonce présidentielle paternaliste et sport du soir… Des choses se sont passées. Et justement,il est étonnant de voir à quel point les confusions, volontaires ou non, sont fréquentes chez nos dirigeants. Ce jeune homme qui s’exprimait hier depuis l’Élysée s’est visiblement complu à un exercice de remontage de bretelles pour son peuple, un peuple qui l’a mis aux responsabilités, un peuple apparemment irresponsable et qui n’a pas la large vision de ses hauts dirigeants, et donc qui a eu tort de jouer avec le droit de vote. Or si certains ont joué et jouent encore avec la démocratie, c’est bien l’ensemble de nos ministres, députés, président ou sénateurs… On détourne le choix des électeurs, on parle en leur nom pour mieux imposer des choix personnels. Une démocratie met n’importe qui en position de décider, c’est sa grande vertu, c’est aussi son talon d’Achille. Si l’on n’est pas doté d’une conscience morale hors du commun, on peut imposer n’importe quelle idée plus ou moins dangereuse sous le couvert du vote populaire. C’est la voie royale pour les tyrans de tout poil, et pour les Césarions donneurs de leçon. Même l’impopularité, paradoxalement, devient un levier pour imposer ce qu’on prétend être bon pour le peuple… mais qui n’a sûrement « pas compris »…




Lundi 09/12/2024


Un week-end festif s’achève : illuminations partout, concert, gourmandises, famille et amis. Et pendant ce temps les médias nous renvoient une image du monde bien chaotique et malheureuse… Il peut sembler ridicule de condamner les guerres et les conflits, les régimes autoritaires ou dictatoriaux, on peut toujours caricaturer le discours : « la guerre, c’est pas bien ! », « les tyrans sont de mauvaises personnes ! », mais comme souvent la moquerie et la critique négative n’apportent rien de plus que ce qu’elles ridiculisent, et même pire : elles ruinent l’indignation et font taire les volontés de changement. Alors, oui, disons-le : comment accepter cette violence inarrêtable qui guide les peuples et les individus ? Comment se faire à l’idée qu’une partie de l’humanité doive vivre dans la violence et le malheur perpétuels ? Le choix de fonctionnements fondés sur la coercition, la violence, la peur, la terreur est le choix de dirigeants qui ont toujours intérêt à ce que le peuple vive dans la crainte, et c’est d’ailleurs ce qu’il se passe dans nos sociétés pacifiées mais où l’on invente des motifs de peur et d’inquiétude pour mieux justifier les jeux d’intérêt. La conclusion est limpide : si l’on ne veut plus vivre ainsi, il faut supprimer l’argent et ce qui procure de la richesse, supprimer ce qui donne tout pouvoir, et la soif de domination qu’il suppose.

dimanche 6 avril 2025

 

Vendredi 29/11/2024


Soirée d’après match, hier… après l’effort, toutes et tous réunis autour d’un verre, de quelque chose à engloutir pour profiter du simple fait d’être ensemble, vainqueurs, vaincus, autres équipes. Ces moments autour du sport ont toujours été importants pour moi. Je me rappelle les vestiaires après un match de foot, adolescent puis jeune homme, entre rires et réflexions sur notre performance, blagues grasses et échanges « philosophiques ». Cela créait du lien, une expérience commune, quelque chose à partager, longtemps. Et encore maintenant, cette densité de relations sert de socle à nos échanges quand je retourne « au village ». Hier soir, malgré la défaite et les longues analyses qu’elle a nécessitées, c’était ce même réseau de liens qui se créait, se poursuivait, se densifiait. Si l’on cherche les principaux éléments qui constituent une société complexe, il est certain que ces groupes humains unis dans une dimension affective et objective, le « but » étant le même pour chacun, doivent être placés au premier rang, un rang aussi essentiel que la famille ou le cercle professionnel.




Lundi 02/12/2024


Dernier mois de l’année… 2 décembre… date historique s’il en est. Eh ! Bien... s’agissant de connaissances historiques et livresques, je me suis remis il y a peu à voyager dans un dictionnaire. Je devais chercher une définition, et j’ai pris mon Petit Larousse qui était à portée de main. Une fois la définition vérifiée, j’ai aperçu du coin de l’œil un mot inconnu qui m’a attiré. Pourquoi ? Sa nouveauté sans doute, peut-être sa forme, les interrogations que cela faisait naître… et me voilà parti pour le grand ricochet, la partie de marelle entre les mots, d’un bout à l’autre du dictionnaire, en arrière, en avant, en s’arrêtant longtemps sur un terme, en passant vite sur un autre. C’est un voyage, une aventure, une exploration pleine de surprises et de découvertes. C’est un fonctionnement que j’ai depuis mon plus jeune âge, depuis que je sais lire et qu’une force irrésistible m’a poussé vers ces centaines de portes ouvertes sur d’autres mondes et rangées dans les bibliothèques de la maison familiale : encyclopédies, dictionnaires, livres d’art, éditions anciennes, livres rares… Et ce goût pour la découverte par les livres ne m’a jamais quitté.




Mardi 03/12/2024


Touché, ce matin, par la petite tristesse maladroitement masquée par notre grande fille qui nous quitte aujourd’hui pour remonter (deux semaines seulement !) à Paris. Après les préparatifs de Noël, elle s’était réinstallée, comme dans son enfance, à la maison : chocolats de Noël, films de Noël, sorties avec ses amis, repas en famille. Le cocon s’était reformé et elle s’y sentait manifestement très bien. C’est flatteur et rassurant, notre famille semble bien équilibrée et protectrice, c’est ce que l’on souhaite, cela permet une relation au monde harmonieuse et pleine d’énergie, c’est rassurant aussi pour notre fille qui, visiblement, ne vit pas son entrée dans l’âge adulte comme une rupture trop douloureuse sachant qu’il y a toujours le parachute « famille ».

samedi 5 avril 2025

 

Mardi 26/11/2024


Pour accéder au quai, aujourd’hui, il fallait prendre l’ascenseur, comme souvent. En entrant, j’ai senti l’habituelle odeur d’huile, de rouages, de métal, qu’on hume toujours dans ce genre de lieu. Et aussitôt ce sont plusieurs univers que j’ai senti remonter à la surface : en tout premier l’ascenseur tout neuf de l’immeuble où nous logions en Espagne pendant les vacances. C’était une odeur nouvelle pour moi, alors, et l’ascenseur était un jouet dans lequel nous jouions avec mes frères. Les montées et descentes habituelles ne nous suffisaient plus et nous nous amusions parfois à voyager jusqu’à ces terrae incognitae qu’étaient les étages au-dessus du nôtre. Une joie mêlée de crainte nous habitait, mais c’était surtout de la fierté que nous ressentions, fierté d’avoir ainsi bravé le danger (et l’interdit…). Mais cette odeur est aussi celle de la montagne, de l’attente à côté des perches du téléski, au milieu des ces effluves mécaniques grasses, de rouages huileux, avant de s’élancer vers l’air pur des cimes. Cet ersatz d’odeur industrielle qui pourrait paraître désagréable et repoussante, se révèle finalement source de réminiscences multiples, liées à des expériences diverses mais toujours joyeuses.



Mercredi 27/11/2024


Notre aînée est revenue hier de Paris. Et si la vie familiale sans elle est habituellement joyeuse, il y a comme un supplément d’âme à se retrouver tous les quatre. On dirait qu’il y a une épaisseur en plus, une dimension supplémentaire , une unité retrouvée. Il s’agit probablement d’une reproduction sociologique, mais il me semble que le noyau familial restreint est le lieu où chacun s’épanouit, même lorsqu’on se retrouve après un long temps de séparation. On ressent la plénitude du cercle, on retrouve les automatismes du groupe, on se laisse porter par ce fluide naturel qui circule en famille. L’histoire personnelle des parents doit y être pour beaucoup. En l’occurrence, chacun a grandi dans un cocon familial bien clos, après des drames qui ont resserré les liens. Notre vision commune de la famille a probablement pour résultat la constitution de ce réseau de connexions étroites et chaleureuses qui forme à présent ce nœud affectif bien serré que nous avons tant de plaisir à retrouver. Cela durera-t-il ? Sûrement, mais les destins de chacun(e) font naître d’autres liens, tout aussi étroits. Il en reste tout de même toujours quelque chose…



Jeudi 28/11/2024


Il y a des jours comme aujourd’hui où l’inspiration a plus de mal à venir. Cela a déjà été dit… Et le simple fait de le dire lance le bavardage, c’est assez paradoxal. « L’angoisse de la page blanche », si l’on peut s’exprimer ainsi en parlant des ces modestes lignes, ne m’a jamais atteint. On décide d’écrire quelque chose et cette décision peut valoir départ de réflexion, plus ou moins aisément, plus ou moins rapidement, mais c’est un lancement. Mais quel est l’intérêt de ces pages ? « Tout est dit... », il y a quelques jours je le rappelais, mais les circonstances sont toujours différentes, et rien n’a été dit comme je le dis présentement, c’est cette perpétuelle nouveauté qui fait l’intérêt de tout discours. Et puis ce que j’écris ici, et que j’ai peut-être besoin de sortir, sera toujours cela d’épargné à mon entourage qui n’a certainement pas envie de m’entendre pérorer à chaque instant. A notre époque bavarde, voire logorrhéique, où le discours est partout, fugace, futile, et finalement nulle part, il n’est certes pas incongru de s’épancher à son tour dans un langage un peu plus élaboré que celui de « la tribu », sans orgueil mal placé. Un discours inutile est un discours qui dit tout de même quelque chose, après tout.


vendredi 4 avril 2025

 

Jeudi 21/11/2024


Hier, c’était anniversaire au goût italien… et il m’est revenu ce matin ces goûts d’Espagne, Espagne que j’ai déjà évoquée ici naguère. Il me revient en bouche le goût du miel que nous achetions au pied de l’immeuble de la station balnéaire où nous passions une partie de l’été. Ce miel était doux, mais avec un goût de rayon de cire assez marqué. La marchand qui le vendait le transportait dans de grands contenants pendus à une barre qu’il portait en travers des épaules, comme on le voit encore en Asie du sud-est. Le miel était crémeux, épais, blanc, mais ce goût est à jamais associé au soleil espagnol, à l’odeur des tamaris et des oyats dans les dunes. Au pied de l’immeuble, le marchand de beurre garait souvent sa camionnette remplie de seaux pleins de ce qui devenait alors le premier mot que j’appris dans la langue de Cervantès : le « mantequilla ». Là encore dans mon souvenir, le goût était rustique, mais emplissait la bouche au petit déjeuner. Et puis certains jours j’étais invité chez les Barnier, dont les enfants avaient à peu près mon âge, et nous mangions au restaurant près de l’embarcadère pour Santoña, à l’entrée de la ria. On y mangeait une tortilla, toute simple, mais dont le goût, mélange de pommes de terre bien cuites avec des oignons et d’œufs à la fois fermes et savoureux comme des œufs brouillés, est encore dans ma bouche presque cinquante ans plus tard.




Vendredi 22/11/2024


Il est certes bon que la soif de dignité individuelle pousse, de nos jours, à faire la chasse à tous les préjugés et stéréotypes, voire à déconstruire des schémas de pensée qu’on avait fini par trouver acceptables. Cela est très sain. Mais comme dans toute évolution sociale et culturelle, la stupidité fait naître des attitudes intransigeantes, hostiles, créant plus de conflits qu’auparavant. On dira que c’est un mal pour un bien, voire… Mais il est dommage que la raison ne guide pas à tout moment nos choix de prise de position, d’action. Ainsi, dans un livre grand public d’un humoriste actuel, on trouve la confrontation de deux citations, une de Rousseau condamnant sans nuance l’esclavage et l’autre de Sébastien Mercier racontant que Rousseau, sur les quais de Paris, rit d’un noir portant un sac de charbon et du fait qu’il n’aura pas besoin de se laver en rentrant chez lui étant déjà noir, ainsi « chacun est à sa place ». On a probablement ici la critique d’un philosophe cachant un profond racisme derrière un masque de sagesse. Or, s’il est difficile de se mettre à la place d’un homme du dix-huitième siècle dont l’environnement social est essentiellement blanc, il faut peut-être se dire qu’il considère un être différent comme un objet de curiosité, persan, noir ou « cannibale ». Et ce que dit Rousseau ne relève probablement pas d’une vision raciste telle qu’on l’entend aujourd’hui. Il fallait une parabole pour illustrer son propos et un boulanger européen, blanc de farine, dans un village africain aurait probablement conduit à la même remarque. Cette obsession d’une bienséance inquisitoriale, aujourd’hui, ne peut conduire qu’à des sociétés totalitaires…




Lundi 25/11/2024


En fin de semaine dernière, une collègue me disait son petit plaisir de ne pas travailler le lundi car elle n’aimait pas l’ambiance du dimanche soir, ambiance de reprise, fin d’une pause bienvenue. Je lui répondis que je me souvenais de ce sentiment, mais il était bien lointain, enfoui dans ma mémoire. La première chose qui me revient est le bain que nous prenions, collectivement avec mes frères. Le moment était joyeux, dans la baignoire, à jouer, à se construire une imagination aquatique, mais dans l’ensemble c’était bel et bien frappé du sceau de la « fin » d’une parenthèse enchantée qui se refermait. Nous avions vécu hors des contingences matérielles jusque là : cabane dans les bois, « espionnage » des voisins, exploration de « la grotte » voisine… Et le crépuscule du dimanche correspondait à une plongée dans la nuit de la routine scolaire, les levers matinaux, la vie sociale, les résultats… Mais cela passait vite et le week-end revenait, et le dimanche soir… Après cinquante ans, le rythme est le même : classe en semaine, vacances, week-end, mais l’angoisse du dimanche soir a disparu, au profit de la joie de retrouver les élèves, même si parfois on est un peu « charrette », un peu à la bourre, mais aucune inquiétude n’y est liée, aucun sentiment négatif, au contraire !

jeudi 3 avril 2025

 

Vendredi 15/11/2024


Je me disais naïvement, en prenant le petit déjeuner, qu’il est vraiment étrange d’habiter notre monde. Nous nous sommes donné les moyens de tous nous nourrir. Nous pourrions vivre tranquillement chacun chez soi sur cette terre. Notre relation au monde pourrait être simple. Mais chacun cherchant le bonheur ou la satisfaction, ce léger écart à fait naître tous les fléaux de la société des hommes : le pouvoir, donc l’argent, la technique qui rend fous les humains jusqu’à les aliéner, une organisation sociale qui met en avant l’individu et ses plus bas instincts (ceux qui tendent à l’asservissement de l’autre ou à sa destruction) au lieu de promouvoir le simple bonheur d’être là. Je me disais cela en petit-déjeunant, ce matin, pendant que d’autres agonisent sous les bombes ou meurent de faim dans la fournaise… Mais l’action semble si vaine quand des millions de personnes trouvent naturel de vivre dans ce qu’on peut nommer l’opulence, et seraient prêtes à défendre cette opulence avec la plus grande violence. Le bonheur de vivre, simplement avec l’essentiel a cédé la place à la satisfaction de vivre rageusement dans le superflu.




Lundi 18 /11/2024


Le week-end fut chargé et chargé fort agréablement, mais la fatigue est là, ce matin, et ce début de semaine va être dur ! Est-ce une marque de mon aveuglement sur mon âge, ou bien la preuve que celui-ci n’a que peu d’importance ? Quoi qu’il en soit, il est toujours bon d’engranger de l’énergie positive, de passer des moments intenses avec son aimée, sa famille ou ses amis. On densifie le présent, on le rend riche et consistant, on ne prépare aucun regret pour l’avenir. Mais je ne suis tout de même pas allé jusqu’au bout de ce que j’avais à faire et j’ai cumulé du travail à faire d’urgence. Cela reste dans un coin de la tête comme une inquiétude à dissiper. Ce soir, ce sera la moment de la dissiper en travaillant davantage… si la fatigue ne prend pas le dessus car elle s’est encore accentuée toute la journée. Retour sous un petit soleil agréable qui réchaufferait un peu si la bise fraîche de novembre ne venait pas se glisser sous les vêtements. La couleur du ciel est tendre, un bleu rosé lumineux, doux comme un duvet.




Mardi 19/11/2024


Lorsque le pouvoir est exercé par des cerveaux malades dont les vues déformées ne sont pas seulement des stratégies politiques, mais de réels fondements théoriques, il semble légitime de penser que le peuple des esprits rationnels et raisonnables agisse d’une manière ou d’une autre pour revenir à un fonctionnement politique digne de démocraties dont l’aspiration est le droit au bonheur de chacun et de tous. Or, dans nos sociétés imbriquées et tenues par des intérêts économiques de quelques uns, que peuvent faire les individus ? La lassitude et l’inertie s’appuyant sur un confort matériel suffisant pour qu’on ait peur de le perdre, engendrent un immobilisme rêvé pour les soft-dictateurs de tout poil. Et cependant, que dit la conscience face à l’inacceptable ? Que deviennent les convictions, les grandes idées généreuses et fraternelles ? Où disparaît la soif d’égalité et de dignité pour tous ? Nos lâchetés entretiennent notre honte qui alimente le repli sur soi et l’aveuglement coupable. Après l’indignation, il faudra bien agir un jour !



Mercredi 20/11/2024


C’est à la naissance du jour que je pars à présent sur mon fringant bolide. Et cette naissance me rappelle qu’il y a exactement cinquante-six ans, à la minute près, je naissais dans les frimas d’un automne apparemment rigoureux. Mes deux parents disparus, il ne me reste plus que quelques souvenirs de ce qui m’a été raconté surtout par ma mère, et ces fragiles fragments risquent un jour de disparaître de mon esprit, de disparaître à jamais. De quoi me parlait-on au sujet de ces débuts brumeux ? Cela se passait un mercredi 20 novembre, à 7h30 en 1968. Ma mère m’a toujours parlé d’une soirée joyeuse la veille, probablement, avec gigot, vin et danse. Il était question aussi d’un retour au domicile de Salernes, après cette soirée, compliqué par des conditions météorologiques difficiles avec du verglas, voire de la neige. Ensuite, il y a eu les contractions et le départ en fin de nuit pour Draguignan où j’apparaissais comme le messie à 7h30, donc, dans cette famille pour laquelle je devais être l’aîné de toute une génération. C’était il y a… si peu !

mercredi 2 avril 2025

 

Mardi 12/11/2024


Étrange week-end qui vient de s’écouler, avec des réjouissances amicales nombreuses, dont la venue pendant deux jours d’amis du Royans , mais aussi marqué par une dispute conséquente avec ma fille cadette. L’esclandre fut à la mesure de ce qui me chiffonnait : le manque d’attention et de considération pour l’autre, en l’occurrence les amis qui logeaient chez nous. Ceux-ci avaient amené avec eux leur propre fille cadette, du même âge que la nôtre, et qui attendait de la revoir. Or, de tout le week-end, elles ne se virent qu’un après-midi, notre fille refusant de nous accompagner à une petite randonnée le dimanche, avec de fausses excuses, avant un le lundi férié. La situation s’envenima jusqu’à la dispute. Il m’est en effet insupportable qu’on fasse passer ses préoccupations individuelles avant l’intérêt du groupe, et là je voyais la chair de ma chair se comporter de manière exactement contraire à ce qui constituent mes valeurs. Ma réaction fut certainement perçue comme exagérée, outrée, mais cela touchait au fondement de mes idées et m’atteignit profondément..




Mercredi 13/11/2024


Petit jour lumineux, frais, mais clair, aujourd’hui. Je ne sais pourquoi je l’associe à ces retours de « soirées » devenues « nuits », à Paris, lorsqu’il fallait revenir chez soi au tout petit jour. Souvent la marche était préférée au métro, soit parce qu’il n’y en avait pas encore, soit parce qu’il était plus agréable de se remettre dans un état de forme permettant de profiter de la journée à venir. Mais surtout c’était un plaisir indicible de marcher dans cette ville populeuse et toujours pressée à une heure calme, voire hors du temps. « Il est cinq heures, Paris s’éveille » traduit exactement l’atmosphère encore ensommeillée de la ville, alors qu’elle frémit déjà de la fièvre qui va la secouer. Ces petits matins clairs sont les anges des journées citadines.



Jeudi 14/11/2024


Le jeudi, c’est rasage, et ce matin j’ai repensé à mon père et au moment où il se rasait lui aussi. Petit, je trouvais que tout son attirail était bien compliqué, pour un résultat que je ne percevais pas bien. Mon père avait toujours la même tête… il devait se raser souvent. Les ustensiles dont il se servait me semblent aujourd’hui à la fois désuets, et tout à fait modernes. Il avait un blaireau qui séchait tout le temps sur la tablette de la salle de bain, et un bol de crème à raser, déjà prêt, qui n’a rien à envier à ma bombe de mousse à raser d’aujourd’hui. Son rasoir était clair comme du fer blanc, « à l’ancienne », avec une lame à placer entre des parties vissables. Quand mon père était rasé, il sentait bon, et cette odeur fait partie du souvenir que je garde de lui, une odeur un peu sucrée, mais avec quelque chose de « viril », une odeur qui rassurait, un odeur confortable, douce. Ce matin le rasage m’a renvoyé loin dans ma mémoire, contre la joue rasée de mon père, si accueillante.

mardi 1 avril 2025

 

Mercredi 06/11/2024


Les matins sont de nouveaux plus lumineux, fausse apparence de printemps qui revient, si l’on y ajoute la douceur ambiante. Fausse apparence car bientôt ce sera la nuit pour partir et la nuit pour revenir. Ces périodes d’automne s’avançant vers le solstice ne m’ont jamais enthousiasmé. Certes on a inventé les illuminations des fêtes qui donnent envie, de manière très pavlovienne, de se pelotonner sous une couverture avec un chocolat chaud devant un programme télé indigent mais calibré pour la période (palmiers de Floride décorés de guirlandes, village en bois improbable d’une campagne enneigée improbable, au nord des États-Unis…), mais cette disparition de la lumière qui envahit peu à peu notre existence ne peut manquer de nous faire penser à notre propre disparition. Mon anniversaire arrivant bientôt, j’ai pour ma part l’impression chaque année que ma naissance est nécessairement liée à ma mort, je célèbre mon apparition alors que la vie s’éteint. Et je n’ai pas trop à me plaindre, encore, car notre région nous offre une extinction d’énergie vitale toute relative. Les élans de vie s’atténuent plus qu’ils ne disparaissent, la lumière reste éclatante, même au plus fort de l’hiver. Peut-être est-il plus facile d’accepter la mort sous nos climats méditerranéens. Le stoïcisme est né sur ces rives…




Jeudi 07/11/2024


Aujourd’hui, Maman est née… et elle n’est plus là pour fêter ses quatre-vingt-deux ans. Que reste-t-il de cette vie pleine et riche ? Quatre fils qui perpétuent un « héritage » maternel fait d’habitudes, de certitudes, de manières de voir le monde ou de s’y conformer. Mais ensuite ? Ces fils ont des enfants qui continuent dans une lignée proche… Mais après ? Cette vie riche et pleine, il va falloir la transmettre, la transcrire, cela a déjà commencé, mais qu’est-ce qui en sortira, si ce n’est des bribes de ce qui a été vécu, des fragments probablement déformés car passés à la moulinette d’une mémoire de seconde main...Et après tout, cette fragmentation n’est-elle pas ce qui caractérise nos souvenirs, notre propre mémoire vivante ? En cela, la transcription de ce qu’il sera possible de se rappeler de la vie ma mère collera peut-être davantage encore à une sorte de vérité, à la manière dont les éléments biographiques ont réellement marqué la mémoire de ma mère, ou celle de nos proches. Qui sait ?




Vendredi 08/11/2024


Il y a des matins où l’on se réveille un peu fourbu, un peu moulu. Ce matin en est un exemple, hier soir ayant été une soirée de reprise d’entraînement de volley. Ces matins-là, les mouvements sont un peu plus lents, on sent qu’ils demandent plus d’efforts. Une gêne subsiste au niveau des articulations dont les tendons ont été sollicités, mais une gêne bienfaisante, non une gêne douloureuse, plutôt un rappel que le corps a rempli ses fonctions, qu’il a été mis à gentille épreuve. Et justement, c’est cela qui est source de plaisir et de satisfaction : cette impression que tout est en harmonie, en correspondance, que le corps a sa place dans notre relation au monde, qu’il joue bien son rôle d’intercesseur sensible.

 Jeudi 26/06/2025 L’eau… l’eau est retombée aujourd’hui, et cela faisait longtemps qu’il n’avait pas plu. Cette eau-là était la bienve...