Mercredi 05/03/2025
Ce matin, dans la salle de bain, il m’est venu à l’esprit des images de lieux paisibles et doux où quelques moments passés dans ma vie m’ont procuré non seulement du plaisir, mais aussi du bien-être et une grande sérénité. Ainsi, cette petite anse à l’est de Gênes, baignée de soleil et où le miroitement de l’eau et l’absence de contrainte temporelle nous ont plongés dans une sorte d’extase coupée des contingences ; ou ces rochers blancs, sur la côte attique, à côté de notre camping et où je passai un très long temps à méditer et à profiter seulement de mon « dasein », de ma présence au monde. Souvent ces lieux sont au bord de la mer, au-dessus des vagues et de leur ressac, souvent l’horizon lointain qui ouvre le regard et l’esprit, s’étend au-delà d’une côte minérale résonnant du clapotis ou du fracas des vagues. C’est mon topos, mon lieu, l’univers qui me ressource.
Jeudi 06/03/2025
En route pour le collège, en route pour retrouver les élèves. C’est avec joie et envie que je pars les retrouver pour la énième fois depuis trente-trois ans ou presque. En début de carrière, m’entretenant avec mes amis en fin d’études, entre thèse, préparation d’agrégation et premiers postes d’enseignement, j’avais affirmé que je prenais un immense plaisir à enseigner, et que le jour où ni mes élèves ni moi n’aurions plus aucune satisfaction à nous retrouver, j’arrêterai l’enseignement pour faire autre chose. Et nous voilà bien des décennies plus tard… Est-ce foi de ma part, est-ce un plaisir égoïste, est-ce une certaine manière d’aborder la transmission du savoir, est-ce la « chance » ou la bonne nature des élèves ? Quoi qu’il en soit, il n’y pas une seule heure où il soit difficile d’entrer en classe, où je me demande ce que je fais là. Disons-le tout net : c’est un bonheur sans cesse renouvelé de faire cours, et j’ai réellement l’impression d’être à ma place dans l’univers.
Vendredi 07/03/2025
Impression soleil levant. L’astre du jour, ce matin, est une grosse orange au-dessus de l’horizon encombré par les toits des maisons et quelques barres d’immeubles. Et l’orange a répandu son jus dans tout le ciel alentour, un jus devenant rose au fur et à mesure qu’il s’étale. Après ce rapide épisode saisonnier de matins enténébrés, voilà que nous revenons à la vie, à la lumière, au feu primordial qu’un titan nous offrit. Mais c’est une autre vie qui commence, semble-t-il, une existence plus pleine, plus riche, remplie de promesses et de leur réalisation. A partir de ce moment, c’est tout le rapport au monde qui change.
Lundi 09/03/2025
Quelques jours bien équilibrés ce week-end : un vendredi en couple, avec courses pour bricoler, projets, plans pour l’avenir ; un samedi entre amis avec un bon restau, à la bourgeoise, comme chez Brel, et un après-midi match de rugby autour de pots de bière ; enfin un dimanche pluvieux, à la maison, à travailler, accomplir de menues tâches ménagères et passer du temps avec ma fille pour construire son avenir tout en échangeant. Un équilibre complet, donc, tous les piliers de mon univers social et affectif étant touchés, dans des cadres tous positifs. Il me semble que notre existence entière devrait s’appuyer sur ce genre d’éléments d’équilibre, quel que soit le cadre, les lieux, les circonstances. L’équilibre de la personne est un puissant facteur de paix intérieure, un inhibiteur de violence. Si chacun l’éprouvait à tout instant, on pourrait rêver à une société apaisée, épanouissante, émancipatrice. Une société idéale qui n’aurait à chercher ses ressorts de progrès que dans l’humanisme, la création, l’art.