lundi 21 avril 2025

 

Mercredi 05/03/2025


Ce matin, dans la salle de bain, il m’est venu à l’esprit des images de lieux paisibles et doux où quelques moments passés dans ma vie m’ont procuré non seulement du plaisir, mais aussi du bien-être et une grande sérénité. Ainsi, cette petite anse à l’est de Gênes, baignée de soleil et où le miroitement de l’eau et l’absence de contrainte temporelle nous ont plongés dans une sorte d’extase coupée des contingences ; ou ces rochers blancs, sur la côte attique, à côté de notre camping et où je passai un très long temps à méditer et à profiter seulement de mon « dasein », de ma présence au monde. Souvent ces lieux sont au bord de la mer, au-dessus des vagues et de leur ressac, souvent l’horizon lointain qui ouvre le regard et l’esprit, s’étend au-delà d’une côte minérale résonnant du clapotis ou du fracas des vagues. C’est mon topos, mon lieu, l’univers qui me ressource.




Jeudi 06/03/2025


En route pour le collège, en route pour retrouver les élèves. C’est avec joie et envie que je pars les retrouver pour la énième fois depuis trente-trois ans ou presque. En début de carrière, m’entretenant avec mes amis en fin d’études, entre thèse, préparation d’agrégation et premiers postes d’enseignement, j’avais affirmé que je prenais un immense plaisir à enseigner, et que le jour où ni mes élèves ni moi n’aurions plus aucune satisfaction à nous retrouver, j’arrêterai l’enseignement pour faire autre chose. Et nous voilà bien des décennies plus tard… Est-ce foi de ma part, est-ce un plaisir égoïste, est-ce une certaine manière d’aborder la transmission du savoir, est-ce la « chance » ou la bonne nature des élèves ? Quoi qu’il en soit, il n’y pas une seule heure où il soit difficile d’entrer en classe, où je me demande ce que je fais là. Disons-le tout net : c’est un bonheur sans cesse renouvelé de faire cours, et j’ai réellement l’impression d’être à ma place dans l’univers.




Vendredi 07/03/2025


Impression soleil levant. L’astre du jour, ce matin, est une grosse orange au-dessus de l’horizon encombré par les toits des maisons et quelques barres d’immeubles. Et l’orange a répandu son jus dans tout le ciel alentour, un jus devenant rose au fur et à mesure qu’il s’étale. Après ce rapide épisode saisonnier de matins enténébrés, voilà que nous revenons à la vie, à la lumière, au feu primordial qu’un titan nous offrit. Mais c’est une autre vie qui commence, semble-t-il, une existence plus pleine, plus riche, remplie de promesses et de leur réalisation. A partir de ce moment, c’est tout le rapport au monde qui change.




Lundi 09/03/2025


Quelques jours bien équilibrés ce week-end : un vendredi en couple, avec courses pour bricoler, projets, plans pour l’avenir ; un samedi entre amis avec un bon restau, à la bourgeoise, comme chez Brel, et un après-midi match de rugby autour de pots de bière ; enfin un dimanche pluvieux, à la maison, à travailler, accomplir de menues tâches ménagères et passer du temps avec ma fille pour construire son avenir tout en échangeant. Un équilibre complet, donc, tous les piliers de mon univers social et affectif étant touchés, dans des cadres tous positifs. Il me semble que notre existence entière devrait s’appuyer sur ce genre d’éléments d’équilibre, quel que soit le cadre, les lieux, les circonstances. L’équilibre de la personne est un puissant facteur de paix intérieure, un inhibiteur de violence. Si chacun l’éprouvait à tout instant, on pourrait rêver à une société apaisée, épanouissante, émancipatrice. Une société idéale qui n’aurait à chercher ses ressorts de progrès que dans l’humanisme, la création, l’art.

dimanche 20 avril 2025

 

Vendredi 28/02/2025


Retour d’un séjour à Paris avec les élèves… l’état d’épuisement physique est total, quant au moral, c’est contrasté. On est partagé entre la joie et le plaisir d’avoir fait découvrir les richesses culturelles de la capitale à des élèves qui en sont globalement sevrés, et l’abattement devant l’inconséquence des enfants de quatorze ans, de ce que leurs parents leur laissent penser : qu’ils sont des êtres autonomes, donc libres de faire absolument ce qu’ils veulent, qu’ils en savent plus que les adultes qui les encadrent, qu’ils seront capables de se sortir de toutes les situations… Or, ce n’est pas la réalité et les parents qui pensent les autonomiser assez tôt n’imaginent pas à quel point ils ne leur rendent pas service. Et toute la société est ainsi à l’avenant...




Lundi 03/03/2025


En même temps que notre grande fille de presque vingt-cinq ans s’installe pour faire sa vie à Paris, elle ne cesse de nous envoyer des signes que la coupure avec sa vie d’enfant est difficile. Là, ce sont les vacances d’hiver passées avec sa sœur et moi, ici, c’est une chanson sur « la famille », ou encore des messages incessants sur les réseaux sociaux. On fait des enfants, on les aime, on a une vie fusionnelle avec eux, mais notre souhait le plus cher est qu’ils puissent être autonomes quand ils seront adultes. Or, cette autonomie suppose un éloignement, une séparation, et lorsqu’on a eu une vie familiale harmonieuse et agréable, cette séparation est évidemment vécue comme quelque chose de douloureux, en même temps qu’elle émancipe, rend libre. Quel moment difficile, contradictoire, écartelant ! Et comme je comprends ma fille, si fière et impatiente de construire sa propre vie, et si chamboulée d’abandonner la douceur de la famille, la douceur de l’enfance ! L’émotion qui l’étreint n’est certainement pas moins grande que celle qui nous étreint aussi, nous, parents. Mais ces douces douleurs sont le sel de la vie, et les accepter c’est grandir, même pour nous.




Mardi 04/03/2025


Peut-être ai-je déjà écrit sur le même sujet depuis une centaine de jours que je rédige ces quelques lignes, mais si ce n’est pas le cas, je vais aborder un sujet qui m’est revenu en mémoire en me lavant les dents ce matin. Lorsque mon père a été rappelé à la maison d’enfants de Beauvallon, à Dieulefit, au début des années 1970, nous avons vécu dans des lieux souvent inadaptés à la famille qui commençait à être nombreuse : arrière d’un bâtiment administratif, immense bâtisse des années 50 appelée « le Belvédère », puis nous avons trouvé un logement qui convenait plus à un couple ayant trois enfants, petits. Il s’agissait d’une ancienne maison forte devenue ferme. Nous logions à l’entresol et au premier étage de la tour, la propriétaire habitait un grand logement formant une extrémité de la cour. Il y avait un atelier et des logements de potiers dans le reste. Je me souviens de ma fascination pour le tour, l’argile montant entre les doigts du potier, le fil permettant de détacher les œuvres du tour. Je me souviens aussi de la fois où la propriétaire, à moitié fermière, avait pendu un lapin à une branche, l’avait estourbi, puis lui avait planté un couteau dans les yeux et la gorge, avant de littéralement le déshabiller de sa toison. C’était horrible, mais j’étais subjugué.

samedi 19 avril 2025

 Jeudi 06/02/2025


Le soleil de ces jours-ci, et la discussion avec un archéologue pendant notre cours de swing d’hier soir, m’ont replongé une bonne quarantaine d’années en arrière. C’était dans le Var, nous campions chez des amis à environ vingt kilomètres de chez nous. Dans la plaine, non loin, se déroulaient des fouilles archéologiques (le lieu est à présent assez connu, les vestiges sont encore visibles et aménagés). Encouragé par ma mère, j’allais y faire un tour en demandant si je pouvais aider à quelque chose. On me mit au dégagement d’un tas de tuiles romaines conséquent, ce qui me ravissait, mais semblait laisser de marbre les professionnels. Et là, toute la journée, je grattais, je dégageais, je déblayais, et le passé ressuscitait sous mes doigts, dans cette terre noire et sèche. Je me souviens qu’il faisait chaud, mais on oubliait le temps, obnubilés que nous étions par l’envie de mettre au jour quelque chose, même d’indéterminé, même d’inutile, mais quelque chose de surgi des temps anciens, comme pour les abolir. L’archéologie crée ce raccourci vertigineux entre le présent de la fouille et l’indéfinissable passé qui remonte à la surface sous la pioche. Ce vertige temporel est probablement ce qui est le plus passionnant dans cette science humaine.




Vendredi 07/02/2025


Petite tension intérieure, ce matin, en montant dans le train : je me suis aperçu que je n’avais pas renouvelé mon abonnement au train depuis hier. Je suis donc en infraction pour un jour, et de manière totalement involontaire. Mais ce petit pincement, cette crainte d’être pris en faute… tout ceci est assez excitant. On a l’œil qui furète partout pour vérifier qu’il n’y ait pas de contrôleur, on se sent hors-la-loi… Cette impression, avec les sentiments qui en naissent, me semble stimulante. On est déstabilisé et on essaie d’anticiper la manière de retrouver l’équilibre, on est sur le point d’être pris en faute et l’on se projette dans l’avenir, pour éviter ce genre de situation, on essaie d’apprivoiser l’émotion, on réfléchit à la relativité des choses et on remet à sa juste place ce dont on se faisait une montagne. On apprend le stoïcisme, et ce n’est pas la pire des mésaventures.




Lundi 24/02/2025


Retour de vacances, retours de séjours pleins et riches. Quelques jours au ski, d’abord, avec mes deux filles, quelques jours d’activité physique en altitude, de vitesse sur les pistes, de paysages grandioses, de découvertes de recoins cachés entre deux hauteurs, derrière un épaulement, un bois. Et puis le côté douillet du retour au logement, au chaud, à rire et profiter de notre simple présence, ensemble. Au milieu des flocons, entre une fondue et une crêpe avec un vin chaud, ce fut un moment de plaisir doux mais intense. La suite fut tout aussi gastronomique et jouissive : une semaine à Malaga, entre culture et plage, régals locaux et bodegas. C’est le genre de séjour positif sur tous les plans : on reste installé dans un lieu fixe et pratique, dans une ville aux multiples attraits, le temps s’écoule à notre rythme, on ne fait que profiter des choses, sans contraintes. Les yeux s’ouvrent, les papilles frétillent, le corps et l’esprit marchent à l’unisson sous un ciel clément et dans une nature accueillante. Le Bonheur !

vendredi 18 avril 2025

 

Lundi 03/02/2025


Février, déjà ! Il me revient en mémoire un mois de février d’il y a environ quarante-cinq ans. Nous étions à Pierre-Grosse près de Molines, dans le Queyras. C’était une fin de journée et ma mère m’avait laissé rentrer seul à l’appartement que nous louions, pour la première fois peut-être, puisque, auparavant, nous étions logés dans la maison d’enfants où mon père travaillait. L’appartement n’était pas loin des pistes, il fallait traverser un petit champ de neige, particulièrement épaisse dans ces contreforts du col Agnel. Je m’aventurai donc, à tâtons, mains nues, car j’avais laissé mes gants je ne sais où, et j’arrivai au pied du petit immeuble avec les mains dans un état proche de celles d’Herzog au retour de l’Annapurna. Heureusement, je retrouvai ma mère à l’appartement. Affolée, elle mit mes mains au-dessus d’un radiateur chaud, avant de les passer sous l’eau tiède puis chaude d’un robinet. Je mis du temps à récupérer l’usage de mes doigts, dans la soirée, mais tout se termina bien. Ce genre de souvenir est lié au mois de février…




Mardi 04/02/2025


Tons à la Turner, ce matin, ciel limpide, orangé tirant sur le violet, avec quelques nuages au-dessus de l’horizon qui semblent la trace de coups de pinceau rapides, striant la toile en touches arrondies, une toile de maître. Pourquoi la contemplation de la beauté naturelle ou artistique nous plonge-t-elle dans ces abîmes de sérénité et de plaisir ? Remarquons tout d’abord qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une grande culture pour savourer ces moments de contemplation intense, même si un minimum de fréquentation des œuvres enrichit l’expérience. Plus que cela, c’est l’occasion de ressentir pleinement la satisfaction d’être au monde, l’ancrage dans l’univers par une adhésion des sens et de l’esprit à une forme de beauté, quelle qu’elle soit, beauté dont la définition pourrait simplement être celle-ci : un spectacle créant la connexion la plus profonde entre l’intériorité et l’extériorité de l’être, créant chez lui un sentiment intense de plénitude, c’est à dire de connexion essentielle avec l’univers. La beauté est une forme d’idéal bouddhiste.




Mercredi 05/02/2025


Discussion avec une collègue, réflexion, soleil : pas le temps d’écrire aujourd’hui...

jeudi 17 avril 2025

 

Mercredi 29/01/2025


La lumière naissante à l’horizon oriental donne au ciel des teintes pastel remarquables. Un très léger oranger flirtant avec le vert gagne du terrain sur un bleu-violet qui se fait de plus en plus lumineux, clair, chassant la nuit vers l’ouest. De plus, la pureté de l’air après la pluie et le vent rend toute chose nette et en montre la découpe parfaite. La moindre fumée s’élève en contre-jour sur un ciel immaculé et saumon, les arbres encore nus se détachent sur cette obscure clarté qui va donner le jour. Le monde est beau.




Jeudi 30/01/2025


Hier matin, quatre heures ont été occupées à écouter des élèves, des adolescents parler de leur première approche du monde du travail. Aucun de ceux que nous avons interrogés n’a dit ou manifesté quoi que ce soit de négatif. Au contraire, tous ont mis du cœur à l’ouvrage pendant leur stage, et lors de cet entretien. Ils se sont investis, se sont passionnés parfois. Ils ont parlé d’une expérience souvent inédite pour eux, mais surtout des émotions ressenties pendant cette période où ils sont apparus comme de jeunes adultes. Et, en retour, quelle émotion à les entendre s’exprimer avec un aplomb un peu forcé, expliquer leurs activités avec des termes précis et techniques montrant leur expertise toute neuve et parfois maladroite ! On eût dit des papillons sortant de leur chrysalide de manière gauche et empruntée. C’est avec attendrissement qu’on les regardait essayer de garder une contenance fragile, mais annonçant déjà les adultes qu’ils étaient en train de devenir. Un moment riche et émouvant !



Vendredi 31/01/2025


Archéologie et littérature. Il me plairait fortement d’écrire quelque chose là-dessus. Outre que ce sont là deux domaines que j’affectionne particulièrement, il me semble que les démarches sont complémentaires. Nous avons d’un côté l’utilisation d’un matériau, le langage, pour composer une œuvre, pour faire sortir du magma de la pensée en marche un objet cohérent et transmissible, riche de sens, et de l’autre des objets cohérents, riches de sens, dont on cherche l’explication pour la transmettre dans une pensée qu’on veut la moins magmatique possible. Des démarches complémentaires, donc, et qui me semblent intimement imbriquées, au moins dans mon esprit. Il y aurait tellement à dire sur la présence fascinée et fascinante de l’archéologie dans la littérature, la bande dessinée, voire l’art en général, et la dimension littéraire évidente de l’archéologie, depuis les sources écrites jusqu’au « style » des rapports de fouilles, en passant par l’énorme culture littéraire qui sous-tend cette science humaine. Un gros travail à faire, donc, passionnant et si ouvert.

mercredi 16 avril 2025

 

Vendredi 24/01/2025


Je l’ai déjà écrit, mais aujourd’hui, je m’interroge réellement sur l’intérêt de ce que j’exprime ici. D’autres n’ont-ils pas plus de talent pour faire naître les émotions ? D’autres n’ont-ils pas plus de maîtrise dans l’écriture pour exprimer leurs idées clairement, et des idées originales, utiles ? En un mot : l’ennui ne guette-t-il pas à chaque coin de mes phrases ? Disons que je vais faire comme si… et que je vais continuer à m’épancher ainsi. Peut-être qu’à travers des récurrences, des thématiques, une manière d’exprimer une idée ou de raconter un fait, un certain intérêt pourra surgir. Peut-être que mes doutes sont infondés et que ce que j’écris peut tout de même avoir une certaine valeur… Qui sait ? Si « tout est dit... » et si « on vient trop tard... » depuis tant de millénaires d’écriture, comme dirait l’autre, alors en effet il ne sert plus à grand-chose de s’exprimer, et pourtant j’en éprouve toujours le besoin. Immense orgueil, besoin de combler un manque, plaisir insondable d’écrire ou traduction d’une angoisse du néant, entre tout ceci, chacun choisira.




Lundi 27/01/2025


Une nouvelle journée, une nouvelle semaine, et au vu du temps une nouvelle saison démarrent une nouvelle fois. La répétition du même est sans conteste rassurante, c’est le rocher d’Ulysse à quoi s’accrocher quand la tempête fait rage. Mais cette répétition nécessite de la nouveauté pour être viable. Le retour du même est sclérosant, angoissant, comme dans Un jour sans fin, où la répétition du même jour devient littéralement invivable pour le héros. Ainsi donc, comme il a été dit, « la treizième revient, c’est toujours la première... », la stérilité de l’éternel retour porte en elle les germes de la nouveauté et de la créativité. Si le raisonnement semble jésuite, il a le mérite d’ouvrir vers un avenir positif sans renoncer au désir de sécurité dont chacun a besoin. Et cette vision optimiste me plaît.



Mardi 28/01/2025


L’adolescence, dans notre maison familiale de Signes… C’était d’abord une réclusion volontaire pendant le temps libre, réclusion qui n’excluait pas la nécessaire fréquentation de mes contemporains, au collège, dans le car nous y conduisant, et la volontaire participation à l’aventure footballistique des jeunes de notre village. Mais il s’agissait plutôt d’une réclusion choisie. En effet, notre maison pluriséculaire offrait tellement de possibilités de divertissement qu’en sortir ne me venait même pas à l’esprit. Il m’arrivait de fouiller les caves à la recherche de véritables trésors : vieilles pièces, lorgnons du dix-neuvième siècle, journaux littéraires depuis le début du vingtième siècle, vestiges archéologiques… ou bien je m’installais au grenier, sur une échelle, la tête et le buste émergeant à peine de la lucarne du toit, photographiant les oiseaux en vol, et observant la forêt avec une longue-vue. Le jardin offrait un terrain d’observation d’insectes, ou de reptiles, sans pareil. Et puis nous jouions avec mes frères à nous poursuivre de la terrasse aux fenêtres des chambres, via la tonnelle que nous martyrisions. Cette immense bâtisse était le lieu de toutes les découvertes, de toutes les expériences. Elle l’est encore.


mardi 15 avril 2025

 

Lundi 20/01/2025 et mardi 21/01/2025


Hier, nous avons regardé un film sur Simone Veil, un « biopic » de qualité qui abordait tous les aspects de cette vie extraordinaire. À un moment, alors qu’elle est dans un kibboutz israélien pour aller voir son fils, Simone Veil déclare être agnostique et ne partage que dans une certaine mesure la ferveur religieuse des jeunes réunis. Mais on voit bien l’émotion qui la prend au milieu de cette douce mais ferme manifestation de foi qui soude une communauté au-delà de tout clivage, parce qu’il s’agit du spirituel. Pour ma part, je ne parlerais pas d’agnosticisme, mais d’athéisme. La manière dont je conçois le monde n’admet pas la présence d’une transcendance supérieure, au-dessus de l’humanité. L’univers est régi par des forces physiques, que l’homme a bien du mal à définir parfois, et qu’il découvre progressivement, mais ce ne sont que des lois physiques qui interagissent et qui créent un fonctionnement global plus ou moins harmonieux. Il ne tient qu’à notre cerveau de les concevoir et de les vérifier, qu’à notre pensée de définir une morale, une éthique, une façon d’être dans cette grande collectivité.



Mercredi 22/01/2025


Cinq ou six minutes pour aborder le sujet de l’émotion artistique… nous verrons bien. Si art et artifice voisinent de façon évidente, c’est parce qu’il renvoient tous deux à une même opération : créer un univers parallèle à celui que notre conscience perçoit, tristement mécanique et prévisible. Cet univers recréé est une projection de notre conscience, projection fantasmée, abstraite, pur objet de nos pensées, mais qui n’en offre pas moins sa propre logique et un réseau de sens parfois inextricable… Le récepteur de l’œuvre est donc confronté à cette complexité, c’est tout son être qui est sollicité, toutes les parties de sa personne, et c’est ainsi que peut naître, ou pas, l’émotion esthétique. Les « capteurs » sensibles du récepteur sont alors excités, la conscience essaie de gérer le choc, mais doit se ressaisir, pour rationaliser l’expérience, on convoque sa culture, ses habitudes, et cette perturbation de la sensibilité par la raison, et de la raison par la sensibilité, crée l’indicible émotion artistique.




Jeudi 23/01/2025


Pour nous endormir, ma mère nous racontait des histoires qu’elle avait imaginées. Ceci n’est pas en soi très original, beaucoup de parents le font. Mais cela reste souvent éphémère et ces petites histoires disparaissent très vite. Ma mère, cependant, avait pris soin de les noter, de les rédiger, et nous possédons encore ces quelques manuscrits. En retombant dessus, de temps à autre, c’est tout un pan de mon enfance, de notre histoire familiale, qui refait surface. Le douillet du lit, la crainte confiante en cette pénombre qui portait en elle un doux sommeil et de possibles angoisses ou cauchemars, mais aussi l’odeur de ma mère penchée sur moi, son haleine, le timbre de sa voix. Et toute cette épaisseur, cette présence incarnée, redevient palpable à la lecture de ces manuscrits qu’il faudra un jour rendre publics, au moins pour que ces souvenirs de chaleur humaine trouvent leur écho dans le cœur du plus grand nombre.

 Jeudi 26/06/2025 L’eau… l’eau est retombée aujourd’hui, et cela faisait longtemps qu’il n’avait pas plu. Cette eau-là était la bienve...