C’est aujourd’hui le dernier jour où je présente des « blocs » de plusieurs journées. A présent chaque jour, je n’écrirai que le texte du moment.
Jeudi 24/04/2025
On peut se sentir très bien dans le monde, avoir le sentiment « qu’on est à sa place », c’est à dire que son équilibre intérieur est en adéquation avec un état général de notre univers proche, il n’empêche qu’il est toujours doux et bon de sortir de son environnement familier, d’aller à l’aventure, d’ouvrir les bras et son esprit à la nouveauté et à l’imprévu. Ainsi le voyage, quelle que soit sa forme, est un puissant stimulant pour l’esprit. On part « trouver du nouveau » et pour cela on rêve d’abord, avec plus ou moins d’informations sur les lieux où l’on va, on essaie de s’imaginer, on se représente, on construit un univers mental. Cela constitue déjà un voyage en soi. Et puis il y a le départ physique, l’adaptation sur le moment à des univers qui nous sont étrangers. Et enfin, on revient, « plein d’usage et raison », apprécier nos endroits familiers et imaginer de nouveaux départs. L’habitude de voyager est une pulsation, le battement de tout notre être au monde. Mais il y a d’autres aventures à vivre, au sens étymologique du terme, d’autres façons d’être confronté à l’inconnu, à la nouveauté, d’être agréablement déstabilisé. La fréquentation de l’art est une autre aventure, une confrontation avec l’inattendu, une autre exploration d’un continent nouveau. On est plongé dans un univers totalement recréé, construit de toute pièce par l’esprit humain, aux mécanismes de fonctionnement totalement abolis. Et là encore, le retour au réel rend ce réel plus riche. La lecture enfin constitue un voyage, et un voyage nécessaire pour moi. Il n’y a pas un coucher sans lecture, sans plongée dans l’univers particulier de tel(le) ou tel(le) auteur/trice. La lecture est véritablement un merveilleux voyage, ensorcelant, envoûtant, qui vous fait tout oublier, à l’exception du développement du récit. Un enivrement de l’âme !
Lundi 28/04/2025
Samedi, nous participions à un festival international de swing dans un casino de la Grande Motte. Ce n’est pas que nous soyons d’un niveau à pouvoir nous aligner sur ces centaines de danseurs de classe mondiale, mais c’était l’occasion de voir des prestations extraordinaires, des styles merveilleux, des enchaînements hors du commun. Et puis entre deux « compétitions », nous avons pu pratiquer un peu aussi. Et cela nous a fait le plus grand bien, pour plusieurs raisons. D’abord, pour l’« égo », il est satisfaisant de se dire que nous ne prenons pas des cours depuis de nombreuses années pour rien, que nous sommes capables à présent de danser parmi d’excellents danseurs sans être ridicules… mais sans rivaliser non plus, n’exagérons rien. Ensuite, cela a permis un constat réjouissant : pris dans cette masse d’êtres humains tous venus là pour la même raison, nous avons ressenti une grande allégresse générale, une joie de profiter du même spectacle, de partager une même pratique, quel que soit le niveau…. Et cette joie était visible sur les visages, dans les mouvements des corps. C’est une véritable jouissance morale d’évoluer au milieu de nos semblables sans autre arrière-pensée qu’un plaisir simple, une joie de l’instant, au-delà de la connaissance intellectuelle des individus.
Mardi 29/04/2025
Le peuples, les lieux, les cultures qui nous sont le plus éloignés nous fascinent souvent, au point de faire parfois l’objet d’une véritable fixation. Ainsi, depuis aussi longtemps que je puisse me souvenir, les civilisations précolombiennes, et surtout celles des Andes, m’ont toujours fortement intéressé, et c’est un euphémisme. Il y a d’abord que l’éloignement est triple, pour moi : les Andes sont longtemps restées dans l’histoire totalement inconnues de notre vieux continent ; elles ont longtemps connu un développement original, différent, éloigné de nos critères de « civilisation » ; ensuite, elles sont géographiquement lointaines, une sorte de finistère, de terra presque incognita qui ne peut qu’attirer par son exotisme même ; enfin ce sont des civilisations de haute montagne, voire de très haute montagne, ou de désert aride, ce qui est bien différent du monde méditerranéen qui est le mien, monde doux et partout accueillant. Il se trouve aussi que ces régions sont riches sur le plan archéologique, autre centre d’intérêt majeur pour moi, depuis de nombreuses décennies, et j’ai même fait quelques études sur la question. De ce fait, j’ai pu me familiariser avec un univers complexe, riche, plurimillénaire, exotique au possible et en même temps si proche de nous, si semblable, mettant en lumière tellement d’invariants humains que c’en devient vertigineux.